Lazare, le résilient, ferle la ligne à Fort-de-France
Best of arrivées 01 décembre 2023 - 14h11

L’incomparable arôme de la résilience pour un grand cru de 30 ans d’âge

Tout un symbole. En franchissant la ligne d’arrivée, à 10h 51 mn, (05h 51mn, heure Martinique) ce vendredi 1er décembre à Fort-de France, le voilier IMOCA Lazare, estampillé du mot RÉSILIENCE écrit à la main sur son flanc tribord réparé, met un point final à l’édition anniversaire de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Il s’en est fallu de peu mais le duo formé par Tanguy Le Turquais et Félix De Navacelle a bel et bien réussi son pari. Il réalise ce magnifique tour de force de terminer sa course quelques heures avant la fermeture officielle de la ligne, en dépit d’une fortune de mer, qui aurait dû lui être fatale.

À l’image du binôme du bateau rose, dont la coque porte les stigmates de son face-à- face avec l’océan -  torréfacteur en chef de la Route du café -, la grande majorité des acteurs de cette 16è édition est parvenue à faire face à l’intransigeance d’une entame automnale ne laissant aucune opportunité au programme originel de se dérouler comme prévu. Mais marins et organisateurs ont su se mettre au diapason de cette météo de saison. Ils sont parvenus à s’adapter et se réinventer pour donner lieu, malgré tout, à quatre courses au meilleur niveau de compétition dans le respect des fondamentaux de cette transat d’est en ouest multiclasse, sur son format en double. 

 

La petite et grande histoire du plan « Café-Fé » 

Cette dernière arrivée en est d’autant plus belle, que c’est à Félix de Navacelle qu’a été confié un petit plan d’arabica, témoin de la grande histoire de l’une des boissons les plus consommées au monde. On se souvient en effet qu’il y a 300 ans, un autre marin prenait la Route du café : le capitaine Gabriel de Clieu. À bord de son navire : deux petits caféiers, direction La Martinique. Il ne le savait pas encore mais l’île allait devenir le berceau de la production de café, qui se diffusa ensuite aux Antilles et en Amérique Latine. 

Le plan "Café-Fé" à bon port à Fort-de-France
La plan Café-Fé de la Transat Jacques Vabre 2023 à bon port en Martinique

Signe du destin, Félix de Navacelle, l’un des descendants de ce prestigieux marin s’engage, dans le cadre de cette Transat Jacques Vabre 2023. Aux côtés de Tanguy Le Turquais à bord de l’IMOCA Lazare, il part sur les traces de la Route du café empruntée par son aïeul.  Pour l’occasion, il se voit remettre un plant de café au Havre. Ce bien nommé « Café-Fé » - «  Fé », comme Félix -, dont les deux co-skippers du bateau rose ont pris le plus grand soin tout au long de leur périple, est donc bien arrivé, en course, à bon port à Fort-de-France. Tout un symbole là encore, qui met en lumière les liens qui unissent, des deux côtés de l’océan, Le Havre, place forte historique du café en Europe, et la Martinique, qui a relancé depuis quelques années déjà la production de ce café d’excellence.

300 et 30 ans d’histoire

Sur le plan sportif, cette édition 2023, qui a tenu toutes ses promesses sur son parcours empruntant les traces d’une route tricentenaire, consacre les binômes du Maxi Banque Populaire XI (Le Cléac’h/Josse) en ULTIM, de For People (Ruyant/Lagravière) en IMOCA, d’Alla Grande Pirelli (Beccaria-Andrieu) en Class40 et de Solidaires en Pelotons (Vauchel-Camus/Vlamynck) en Ocean Fifty. Ces huit marins inscrivent leur nom au palmarès de l'épreuve qui fêtait, elle, ses 30 ans d’âge. 146 autres peuvent aussi se féliciter d’avoir bouclé en course cette 16è édition d’un rare niveau d’exigence sportive et maritime. Laquelle s’inscrit au rang des des grands crus océaniques, où se mêlent les saveurs et les émotions contrastées des quatre scénarios inédits écrits entre Le Havre et Fort-de-France par des classes de bateaux qui témoignent, chacune à leur manière, de la bonne santé et de la formidable vitalité de la course au large.

 

Les chiffres et les mots de quatre vainqueurs 

Le Maxi Banque Populaire XI (plan VPLP) a parcouru 9 263 milles à 26,75 nœuds de moyenne après 14 jours 10 heures et 14 minutes de course entre Le Havre et Fort-de-France.

Armel Le Cléac’h« On l’avait dit au départ, la Transat Jacques Vabre n’était pas une course de préparation. On ne venait pas tester le bateau, mais pour gagner (…) On a été à fond, on n’a pas lésiné sur le bateau avec de belles moyennes jusqu’au bout. Pour gagner maintenant avec ces bateaux, il faut les pousser dans leurs retranchements. On est sans doute l’équipage qui a le plus navigué cette année avec un parcours assez similaire réalisé en mai dernier. Ça paye aujourd’hui. »

La victoire en IMOCA pour le binôme de For People

L’IMOCA For People (plan Koch-Finot Conq) a parcouru 5 425 milles à 19 nœuds de moyenne après 11 jours 21 heures et 32 minutes de course entre Le Havre et Fort-de-France.

Thomas Ruyant : « On ne gagne pas des courses sur le circuit IMOCA sans tout donner. On n’avait qu’une envie, c’est que ça s’arrête parce qu’on avait mal partout, avec des sifflements des foils dans le bateau vraiment pénibles. Mais l’engagement, c’est ce qu’on vient chercher aussi. La victoire en est d’autant plus belle… »

L’Ocean Fifty Solidaires en Peloton (plan Neihousser) a parcouru 5 433 milles à 19,73 nœuds de moyenne après 11 jours 11 heures et 22 minutes de course entre Le Havre, Lorient et Fort-de-France.

Thibaut Vauchel-Camus « On a le sentiment d’un job bien fait avec un bon bateau et un bon binôme. Et après toute cette cavalcade de ces dernières années durant lesquelles on courait après, et enfin, elle est là cette victoire (…) C’était tellement fluide, tellement simple (…) On était à l’aise. Quentin connaît tellement bien ce bateau, qui a fait ses preuves. On avait aucune appréhension à tenir la cadence. »

Le Class40 Alla Grande Pirelli (plan Guelfi) a parcouru 5 381,5 milles à 11,93 nœuds de moyenne après 18 jours 12 heures et 22 minutes de course entre Le Havre, Lorient et Fort de France. 

Ambrogio Beccaria  : « On a une machine incroyable, très polyvalente. Avec Nico (Andrieu), on a appris à se connaître sur cette Transat Jacques Vabre. J’ai découvert que dans les moments les plus durs, c’est là qu’il rebondit le plus haut… Un peu comme une petite balle de tennis ! Cela m’a donné plein d’énergie, parce que je me sens un peu fonctionner comme ça. Dans une course en double, où tu partages tout, on s’emmenait vers le haut tout le temps. Dès qu’on avait un moment dur, on trouvait beaucoup de force. »  

Douche de champagne méritée pour les vainqueurs en Class40
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